Among the books that I read, are also (and mercifully) books that are not related to travel writing. Unless you follow me on Goodreads, you don't get to find out that these lovelies have been part of my life! So here's a 2018 wrap-up, with my Goodreads ratings (1 to 5 ★). The "Aloud" (🗣) icon marks books that my wife and I have been reading to each other at tea time (a habit we cherish). 2018 has been a special year during which this blog was sorta on a break, as we worked our way through pregnancy and parenthood! So I'm happy I at least got some time and enough energy to read during my pregnancy. Happy reading! Parmi les livres que je lis ne figurent pas uniquement (et heureusement) des récits de voyage. A moins que vous ne me suiviez sur Goodreads, rien ne vous indique que ces petits chéris ont fait partie de ma vie ! Alors voici un résumé pour 2018, avec mes évaluations Goodreads (1 à 5 ★). L'icône "Voix Haute" (🗣) indique les livres que ma femme et moi nous nous sommes lus à voix haute, à l'heure du thé (une habitude qui nous est chère). 2018 a été une année spéciale pendant laquelle l'activité de ce blog a un peu été suspendue, tandis que nous cheminions à travers la grossesse et le début de la parentalité ! Je suis donc heureuse d'avoir quand même eu le temps et assez d'énergie pour lire pendant ma grossesse. Bonnes lectures ! Watership Down, par Richard Adams • 4★ • 🗣La nouvelle traduction française de ce récit de Richard Adams, que j'avais beaucoup aimé en version originale, m'a poussée à chiner ce très bel objet francophone des éditions Monsieur Toussaint Louverture. Je dois admettre que les aventures de Hazel, Bigwig et les autres m'ont manqué sitôt la lecture terminée, que ce soit à ma part d'enfant ou à ma part d'adulte. Tout d'abord, excellente nouvelle traduction de Pierre Clinquart : fluide, moderne, et proche de l'esprit du roman en version originale. La virtuosité de Watership Down consiste à vous faire oublier que pendant 50 chapitres et un épilogue, ce sont des lapins que vous suivez, sur un périmètre très restreint de la campagne anglaise. Cette épopée miniature est émaillée de réflexions politiques et spirituelles, de perles linguistiques (les lapins ont leur propre langage), ainsi que de chapitres mythologiques mettant en scène dieux et héros, tels que Krik (VO : Frith), Inlé ou Shraavilsha (VO : El-ahrairah). Les chapitres mythologiques puisent naturellement dans les mythologies humaines, et il est aisé de les extraire pour les raconter aux enfants comme histoires à part entière, comme le font nos lapins lorsqu'ils se les racontent. Attention cependant : un sentiment diffus de malaise persiste à travers tout le récit. Il y a quelque chose de très sombre au royaume de Watership Down. La souffrance, la violence politique et physique, la mort, la dépression, le harcèlement moral, ne sont pas en reste dans cette fiction, et peuvent procurer un sentiment de stress et d'anxiété dans certains chapitres. De nombreux aspects du récit s'adressent directement aux adultes. Seule critique qui me vienne à l'esprit, et qui a été soulevée par une partie du lectorat : Watership Down ne passe pas le test Bechdel (0 pointé). Les femelles ne tiennent pas de rôles importants dans l'histoire, autres que reproductifs, et tout est vu du point de vue des mâles, que ce soit dans les chapitres du récit ou dans les chapitres mythologiques. Si c'est un parti-pris tout à fait criticable de la part de Richard Adams, l'effet en est légèrement atténué dans l'histoire elle-même, parce que l'on peut éventuellement imaginer des rapports lapins-lapines extrêmement cloisonnés et genrés, pour diverses raisons sociales et culturelles au sein des garennes. Mais il est certain qu'en 2017, une lecture aussi genrée peut surprendre et décevoir, surtout si l'on est une lectrice. Dubliners, by James Joyce • 3★![]() A pleasant surprise. Very short, smooth read. The book is a succession of independent stories, snapshots of lives in Dublin at the turn of the 20th century. And yet, these stories form a net, a coherent portrait of a certain era with its classes, its struggles, its ways, its fights, its ideals and disappointments. For me, Dubliners was the literary equivalent to a “Humans of Dublin” street photography series: we meet, one by one, anonymous people at seemingly random moments in their lives. If feels like we enter their lives through the window and exit through the backdoor, catching words, feelings, epiphanies, memories on the way. What was anonymous suddenly becomes personal, and what was random or anecdotal, meaningful. A "classic", yet with a very modern voice and insightful style Hidden Lives: A Family Memoir, by Margaret Forster • 4★Margaret Forster takes us through three generations of women in her family, from the 1870s to the late 1970s. The perspective of reading such a book may be boring, but Forster is a fantastic story-teller. The “memoir” describes real events and memories, but is skillfully told in the manner of fiction — instead of being told the stories of these women, we relive the stories with them. The book starts with a mystery regarding the past of Forster’s grandmother. As the years pass and we reach the next generation, we realize that the focus of Forster’s story is elsewhere. It is a memoir of “the hidden lives”; all of them, not just her family’s: those of the generations of women who lived through a new, industrialized, mechanized era and who slowly gained new rights. The right to own their own wages once married, the right to vote, the right to use contraception. In the light of Forster’s prose, we go through all these changes with them, we listen to these women and their struggles, against sexism but sometimes also against their own sex. We watch the men leading their lives and leaving very little space for women to lead their own outside of the home, outside of marriage, outside of the social conventions that many times turned out stronger than the rights they were supposed to have won. This was a page-turner for me. I’m glad I got to know these women, and I recommend you do the same. Call the Midwife, by Jennifer Worth • 4★Funny how some books find their way to you. There I was, almost 6 months pregnant, feeling too heavy and too hot in the small thrift store a few streets away from home. I tilted my head sideways and leisurely browsed the shelves of second-hand pocket books, and my eyes stopped on the only title that was in English. Jennifer Worth, “Call the Midwife.” Not yet, I grinned, grabbing the book. From that day until I read the last page, I have spent part of my everyday life in London’s East End, back in the 1950s, trotting after British midwives on bicycles. Worth tells us about the people and the streets of the East End just as she’s known them. Just as if she were still a midwife there. She is standing right next to us, as we relive together the most moving and the worst deliveries, as we greet friends and colleagues that are long since dead (and others that are still living), and as we reminisce what post-war London was really like, with its tenements, slums and horrific workhouses. You will probably cry through this book, but you will also laugh, gasp, chuckle, and applause. You’ll travel to another world altogether, in a city that many of us today on the planet have come to consider as fairly mainstream and international. Worth points out how midwives, as opposed to doctors and nurses, are painfully absent from fiction and non fiction. Well, her book is the best tribute she could have written for these heroins. Midwifery was not always a thing. The governments and male-dominated medical science of the 19th century had considered the very notions of antenatal and postnatal care an heresy and a waste of public money. Some prominent men and many women stood up against this, and made pregnancy safer for people in many parts of the world. Worth’s style is straightforward, insightful and she is a great story-teller. On a more personal note, I quickly realized how experiencing pregnancy, how being subject to antenatal care and learning about its lingo, made me feel even more deeply about the people and situations. I mean, what if it had been me? King Kong Théorie, par Virginie Despentes • 5★Un féminisme contemporain, d’actualité, sans détours, qui n’a pas peur de sa rage — ni de ses écueils, qu’il assume et dépiote. Voilà ce que nous balance Virginie Despentes, dans ce texte virtuose qui se dévore en deux-deux et nous explose à la gueule. Aïe… Et du coup, en deux phrases, j’ai peut-être effarouché une partie de mes lecteurs masculins cisgenres, qui pourraient se dire : “Merde, ça sent le bouquin où on s’en prend plein les burnes…” (Notez que je profite de cette revue de lecture pour vous transmettre un peu du ton du bouquin.) Eh bien surtout ne bougez pas, Messieurs : Despentes a aussi écrit ce texte pour vous. Car il n’est pas tant féministe, qu’anti-viriliste : il se penche sur la façon dont le sexisme vous pourrit la vie à vous aussi, peut-être même aujourd’hui plus qu’à nous les femmes. L’injonction à la féminité est sans nul doute devenue moins redoutable que l’injonction à la virilité, parce que cette dernière est plus insidieuse, toujours bien acceptée, encore valorisée, bien peu critiquée… et dévastatrice sur les plans politique et étatique. Cette injonction à être un homme, un vrai, enchaîne encore aujourd’hui vos propres gosses. L’émancipation des hommes serait-elle la dernière frontière de l’émancipation des femmes ? Je n’ai pas pu lâcher ce livre. C’est une boule de lucidité et de vérités toutes crues, inclusive, pas pédante pour un sou, qui se lit super bien chez soi avec un café serré mais qui se lirait vachement bien aussi au comptoir d’un bar, à voix haute, entre potes, à descendre des bières. Il s’agit aussi d’un bouquin très personnel, où Despentes se livre, et exprime des opinions qui ne sont pas toutes partagées par le féminisme “mainstream”. Ses opinions ont aussi bousculé pas mal de mes idées. J’étais parfois d’accord, parfois pas d’accord, puis forcée d’admettre que les propos de Despentes ne manquaient pas de pertinence. Merde ! Moi aussi, du haut de mon utérus, j’en ai pris plein les burnes. Bref, un uppercut en papier qui force à réfléchir. A lire absolument et, très franchement, d’utilité publique. Chanson Douce, par Leïla Slimani • 4★Dans la salle de réunion de la maternité, assise au premier rang pour pouvoir tranquillement étendre mes jambes, je retire ma ceinture de grossesse et pousse un soupir tandis que s’étale à nouveau mon ventre de 9 mois. A l’entrée de la sage-femme, je pose mon livre et sort mon carnet de notes. La femme à côté de moi jette un coup d’oeil au roman, et me dit, réprimant un sourire : “Vous êtes en train de le lire ?” Je devine immédiatement sa pensée, et nous éclatons de rire toutes les deux lorsque je réponds : “Oui, mais c’était pas vraiment le moment !” Et si, d’une manière un peu perverse, viscérale, ça l’était, finalement ? Le roman de Leïla Slimani a mérité son Goncourt. Vous verrez : le style, simple, inéluctable, inflexible, coule comme du sang dans vos veines. Les personnages ressortent des pages avec le réalisme blême d’une photo sans filtre. Il est question de parentalité dans ce livre, de famille, mais surtout de précarité, de dépendance, de société, et de l’écoeurant classisme (discriminations et préjugés liés à la classe sociale) qui imprègne la nôtre. Les premières pages agissent comme une gifle qui nous sort de notre torpeur de lecteurs et de lectrices qui se vautrent dans leur auto-satisfaction, dans le luxe d’avoir le temps et l’énergie de lire leur petit Goncourt entre deux métros ou pendant leurs vacances. Et la suite, jusqu’au dernier chapitre, est effectivement une hypnotisante “Chanson douce”, qu’il est difficile d’ignorer, qu’il est impossible d’oublier. A la fin, ce n’est pas le goût déplaisant d’un fait divers qui reste en bouche. C’est plutôt le goût amer de se demander à quel monde on appartient : celui de Louise, celui du square aux nounous, celui des grands boulevards la nuit, celui de Myriam et de Paul ? Et enfermé·es que nous sommes dans notre propre monde, que savons-nous de celui des autres ? A La Croisée des Mondes, par Philip Pullman • 4★ • 🗣![]() Combien d’adultes ont passé leur chemin devant la couverture de la trilogie de Philip Pullman, en se disant qu’il s’agissait là d’une lecture pour enfants ? J’ai redécouvert avec plaisir ce roman à l’occasion de nos lectures à voix haute quotidiennes — la traduction française, très bonne, n’ayant pas réussi à gâcher mon plaisir. Si les enfants aimeront cette épopée de type “multivers”, les adultes y trouveront une fiction subversive qui aborde plusieurs thèmes à l’interface de la métaphysique, de la philosophie et de la religion et qui a fait trembler jusqu’au Vatican. La levée de boucliers des organisations religieuses à l’occasion de la sortie du premier film, le scénario finalement édulcoré de ce dernier et son échec inévitable au box office, ont tout de même conduit à l’abandon de l’adaptation de la suite de la trilogie, là où le potentiel pour un succès cinématographique historique existait bel et bien. La Croisée des Mondes (en VO, His Dark Material, littéralement “Sa Matière Sombre”) est un texte à charge contre les Eglises chrétiennes, mais particulièrement contre Eglise catholique. Il aborde la question épineuse de la Mort, de l’existence de l’Âme et de la nature même de Dieu, des anges et du paradis perdu. Le malaise émerge lorsque les lecteur·ices réalisent que le Magisterium du roman partage énormément de points communs avec le Vatican, à tel point que l’histoire en acquiert une grande vraisemblance dans les rapports de pouvoir et les trames politiques qu’elle décrit. Au final, les lecteur·ices ne peuvent que se poser la question : et si, dans la cupidité, la violence et la soif de pouvoir dont elle a fait preuve à travers l’Histoire, l’Eglise catholique avait trahi, enchaîné, et par là-même tué son propre Dieu ? Un roman envoûtant, poétique, prenant, qui se paye le luxe d’enchanter les enfants comme de secouer les croyances des adultes. To Kill a Mockingbird, by Harper Lee • 3★I had heard about this American classic, this international bestseller. I mean, a woman writing a book in 1960 — and getting a Pulitzer price for it? A book addressing racism in the Deep South, all of this seen through the eyes of a little white girl? No wonder that novel stirred so much interest at the time. However, despite its fame, do not expect anything fancy: To Kill a Mockingbird is a very simple tale saying very simple things about very simple people. And it is its very simplicity that makes it compelling. The smells, the grass and the trees, the birds, the sky, the food, the language: Harper’s style will take you right to 1930's Alabama. What she has to say about justice, human nature and prejudice is made all the more efficient by the reflections of Jean Louise, aka Scout: the little white girl is the naive narrator of that story and, without realizing it, she is a direct witness of the long, step-by-step, still-ongoing fight for equal rights and justice between White and Black folks in America. C.I.D If you liked this post • Si vous avez aimé ce post
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