English version here Assise seule chez moi avec mon café du matin, revoilà cette boule d'amour familière. Je fais glisser les curseurs et je modifie les couleurs, les lumières, les ombres autour d'eux. Je veux les faire beaux. J'efface toutes les photos où ils ont les yeux fermés, le visage flou, la bouche pleine. Je les peigne, je lisse l'éclat de leur peau, de leurs ongles, de leurs dents. Parfois, quand je les aime simplement trop pour effacer leur photo, je franchis une ligne que je ne devrais pas franchir : je joue avec le contraste, l'exposition, la saturation et le grain de l'image pour révéler leur Moi mystérieux, artistique ou radieux. Je suis comme cette vieille veuve à un enterrement, qui tripote encore et encore la fleur glissée dans la boutonnière de son amour défunt. Je ne connais aucun d'entre eux et ils ne savent rien de moi. Ce sont juste des inconnus dont j'ai volé le portrait. Ils ne m'ont pas remarquée.
Je ne vois pas le monstre. Hommes ou femmes, je ne vois pas le pervers, l'abruti, le harceleur, le violeur, le traître ou le menteur. Tout ce que je vois, c'est l'humanité qu'ils partagent. La façon dont ils sont tous si différents, et pourtant si semblables. Assise seule chez moi avec mon café du matin, tandis que je garde les yeux sur mon écran et que je fais glisser les curseurs, ils sont mon abri contre le monde extérieur ; mon échantillon privé d’humanité. Et ainsi, je continue de battre le pavé.
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